Art et Culture

Rabat: des panélistes mettent en avant l’afro-marocanité du chant ghiwanien

Dpress

La transmission du conte au Maroc et l’afro-marocanité du chant ghiwanien ont été au cœur d’un panel tenu jeudi à l’Académie du Royaume, sous le thème “Champ et contrechamp”.

S’exprimant à l’occasion de ce panel organisé dans le cadre d’un colloque international (1-3 mars) intitulé “L’oralité, un registre privilégié d’interlocution ou un paravent pour l’Afrique”, Pr. Najima Thay Thay Rhozali, présidente de l’Association Conte’Act pour l’éducation et les cultures, est revenue sur l’importance du rôle des grands-mères et des conteurs, qui détiennent les clés d’un patrimoine oral richissime, dans la transmission des contes.

Pr Rhozali a commencé par rendre un vibrant hommage à sa grand-mère ainsi qu’à l’illustre conteur marocain Yassine Regragui (103 ans), présent à cet événement, pour lui avoir donné le goût et l’envie de mener des études et une carrière axées sur la protection du patrimoine orale marocain.

Désireuse de préserver ces traditions orales dans leur authenticité, Pr Rhozali a mené de nombreuses initiatives, ancrées dans la formation et l’innovation par le conte, en associant la société civile dans les efforts de préservation du patrimoine oral et dans sa transmission.

Lors de son intervention, elle a mis en avant les différents projets sur lesquels elle a eu l’opportunité de travailler, à savoir le programme éducatif “Sabk Al Hikaya”, visant à former les élèves pour devenir des conteurs en remettant la grand-mère au centre du processus de transmission,ainsi qu’un projet de mise en avant du rôle des conteurs folkloriques “Hlaikiya” , outre le festival “Maroc des contes”, destiné à valoriser le métier de conteur, à ressusciter les places publiques désertées et à accompagner les conteurs traditionnels pour se prendre en charge et défendre leurs droits.

De son côté, Abdelhai Sadiq, professeur universitaire, a exposé les origines du chant ghiwanien, personnifié par le groupe musical marocain “Nas Al Ghiwan”, qui a commencé par présenter des pièces orales, dans un effort de théâtralisation de la “Halka”, ponctuées de passages musicaux, qui ont permis à “Nas Al Ghiwan” de former leur groupe et de se faire connaître au Maroc et à l’étranger.

Selon M. Sadiq, l’afro-marocanité du chant ghiwanien puise son essence dans la “Majdoubia”, à partir du répertoire de Sidi Abderrahman El Majdoub, poète populaire marocain soufi, tandis que l’afro-ghiwanisme de ce chant est marqué par trois schémas musicaux, à savoir le rythme et la synchronisation du Malhoun, la tendance esthétique relevant de la musique confrérique et des “gnawas”, témoignant d’un enracinement dans l’Afrique subsaharienne, ainsi que la “Aita”, ce “chant de dénonciation qui s’articule autour de la paysannerie”.

Par ailleurs, le professeur a soulevé la nécessité de la traduction pour participer à l’universalisme de ce chant, appelant toutefois à préconiser une posture “orali-traductive” (ndlr: néologisme dont il est l’inventeur) dans ce processus, en traduisant sur la base du texte et de l’écoute des chants, procédure qu’il a lui-même adoptée dans la traduction des chants ghiwaniens en français.

Initié dans le cadre des activités de la Chaire des Littératures et des Arts africains, ce colloque de trois jours propose d’explorer les richesses intellectuelles africaines en mettant l’accent sur les littératures orales et en rassemblant une dizaine d’intervenants, dont des chercheurs et artistes marocains et d’autres venant de Guinée, du Burkina Faso, du Sénégal, de Mauritanie, de Madagascar, du Gabon et du Cameroun.

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